Le Timée (Platon) nomme khôra (localité, lieu, espacement, emplacement) cette "chose" qui n'est rien de ce à quoi pourtant elle paraît "donner lieu" - sans jamais rien donner pourtant : ni les paradigmes idéaux des choses ni les copies d'un démiurge insistant, l'idée fixe sous les yeux, inscrit en elle. Insensible, impassible mais sans cruauté, inaccessible à la rhétorique, khôra décourage, elle "est" cela même qui désarme les effort de persuasion.
Le
discours sur la khôra
ne procède pas du logos
naturel ou légitime, plutôt d'un raisonnement hybride, bâtard,
voire corrompu. Il s'annonce « comme en un rêve », ce
qui peut aussi bien le priver de lucidité que lui conférer un
pouvoir de divination.
La
khôra
est anachronique, elle « est » l'anachronie dans l'être,
mieux, l'anachronie de l'être. Elle anachronise l'être.
Des
interprétations viendraient donc donner forme à « khôra »
en y lassant la marque schématique de leur empreinte et en y
déposant le sédiment de leur apport. Et pourtant « khôra »
semble ne jamais se laisser même atteindre ou toucher, encore moins
entamer surtout pas épuiser par ces types de traduction
interprétative.
Il
n'y a qu'une seule khôra,
si divisible soit elle.
Elle
n'engendre rien et n'a d'ailleurs aucune propriété du tout.
Nous
devons revenir vers une pré-origine qui nous prive de cette
assurance et requiert de même coup un discours philosophique impur,
menacé, bâtard, hybride.
Quelques images poétiques de "La terre et les rêveries de la volonté" et "La terre et les rêveries du repos" de Gaston Bachelard
Si tu sais mettre dehors ce qui est dedans et dedans ce qui est dehors , dit un alchimiste, tu es un maître de l'oeuvre.
L'être intérieur a tous les mouvements (Henri Michaux)
En étudiant les images matérielles, nous y découvrirons - pour parler toute de suite en psychanalyste - l'imago de notre énergie. Autrement dit, la matière est notre miroir énergétique; c'est un miroir qui focalise nos puissances en les illuminant de joies imaginaires.
La substance est dotée de l'acte de nous toucher. Elle nous touche comme nous la touchons, durement ou doucement.
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